Les Jeux Olympiques n’avaient pas été organisés depuis 100 ans à Paris : la ville accueille 10 000 athlètes issus de 200 pays, représentant 32 sports différents, et prêts à en découdre. Un véritable challenge auquel la Ville de Paris s’est préparée bien en amont. Selon une étude du Centre de droit de d’économie du sport (CDES) de Limoges, l’organisation des JO devrait mobiliser environ 11700 emplois et générer 1,8 milliard d’euros maximum d’impact financier pour le secteur du BTP. Cette étude met en lumière plusieurs points clés pour le BTP et l’impact des Jeux Olympiques sur le secteur. Mais ces opportunités s’accompagnent de défis.
Un chantier à la hauteur des ambitions de la capitale
Au-delà des enjeux de communication et de sécurité, et même si Paris s’appuie sur nombre de ses infrastructures déjà existantes (à 93%), le bon déroulement des compétitions a supposé des rénovations (pour l’accueil des journalistes, des spectateurs, des compétiteurs), mais aussi l’édification de nouvelles structures réparties sur l’ensemble du Grand Paris, et ailleurs en France.
En effet, les Jeux Olympiques de Paris 2024 impliquent de multiples chantiers à Paris ou encore à Marseille, qui accueillera les épreuves de voile. Si les JO apportent leur lot de nouveaux chantiers, ils apportent aussi de nombreuses inquiétudes pour les entreprises du bâtiment en interdisant notamment les travaux à l’approche, pendant et après l’évènement.
Les défis logistiques de l’agenda des chantiers
C’est dans une liste détaillée que la Ville de Paris a précisé l’exigence liée à la tenue des chantiers (palissades, efforts portés sur l’aspect visuel) et dévoilé les délais durant lesquels il sera interdit de travailler sur lesdits chantiers. Echafaudages, emprises sur la voie publique, bases de chantier… 18 mois avant l’évènement sportif, cette liste des limitations de travaux publiée par la Ville de Paris, accompagnée d’une cartographie, annonçait l’agenda de l’année à venir :
- Les chantiers de voirie et de réseaux seraient entravés du 1er septembre 2023 jusqu’au 30 octobre 2024,
- Les chantiers de bâtiment seraient concernés par des limitations concentrées sur la période du 15 juin au 15 septembre 2024.
La bonne nouvelle ? Ces interdictions ne concernent que certains points stratégiques : seuls les bords de la Seine, les abords des sites d’entraînement et d’évènements olympiques, ainsi que les sites dits sensibles (gares de la capitale par exemple).
La Solidéo, chef d’orchestre des ouvrages olympiques
Présidée par la maire de Paris Anne Hidalgo, la Solidéo est la société de livraison des ouvrages olympiques. La structure assure le respect des délais de construction de l’ensemble des sites essentiels aux futurs JO 2024, en lien avec les sociétés de BTP. Lourde responsabilité, qui comprend le suivi de 45 chantiers, dont cinq méga-ouvrages particulièrement suivis :
- Le Village des Athlètes, qui s’étend à la fois sur Saint-Denis, Saint-Ouen, et L’Île-Saint-Denis,
- Le Cluster des Médias, à Dugny (également en Seine-Saint-Denis),
- L’Adidas Arena de la Porte de la Chapelle dans le 18ème arrondissement (seul site dans Paris intramuros)
- Le Centre Aquatique Olympique à Saint-Denis, face au Stade de France,
- La Marina à Marseille.
Le budget pour ces 5 chantiers s’élève à 4 milliards d’euros au total (dont 1,55 milliards de dotations et subventions publiques de l’Etat, des régions, et de la Ville de Paris), sur un budget total des JO 2024 approchant les 8 milliards d’euros.
La pénurie des matériaux et la hausse des prix
Les quatre dernières années ont marqué le marché des matériaux de construction. Les conséquences de la pandémie de 2020 et 2021 se font ressentir encore aujourd’hui, et plus récemment, le conflit en Ukraine a fait apparaître des perturbations supplémentaires pour les chaînes d’approvisionnement. Les matériaux incontournables tels que l’acier, l’aluminium, le PVC ou encore des matières polymères ont connu des variations de prix spectaculaires dernièrement. Ces dernières s’expliquent par deux facteurs : un épuisement de l’offre, et de potentielles ruptures de stock. Carrelage, grès et bois de construction sont également plus difficiles à obtenir.
Ces variations sont rapides, importantes et dangereuses pour le secteur du BTP, qui n’est pas toujours en mesure de répercuter les hausses de prix sur le client final (les prix fixés dans le devis ou contrat ne sont pas toujours modifiables ultérieurement, il est aussi plus délicat de s’approvisionner en grande quantité pour former des stocks).
Aussi, face à ces enjeux, les constructeurs ont obtenu une médiation avec la Solidéo. Le sujet ? Résoudre à l’amiable, et au plus vite, les différends potentiels au cours des chantiers, avant la livraison. L’objectif ? Livrer dans les temps, les budgets et les ambitions de l’ensemble des ouvrages olympiques.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent un défi monumental pour le secteur du BTP, mobilisant des ressources colossales et exigeant une planification rigoureuse. Malgré les nombreux défis logistiques et économiques, les acteurs du BTP se sont efforcés de répondre aux exigences élevées pour garantir la réussite de cet événement mondial.
Sources :
À Paris, les Jeux olympiques de 2024 vont-ils chambouler le planning des chantiers ? – Le Parisien
JO 2024 Paris : 1,8 milliard d’euros maximum d’impact financier pour le BTP (lemoniteur.fr)